Capitale autoproclamée des terre-neuvas, Saint-Malo a fait de la morue l’un de ses emblèmes locaux. Mais pourquoi existe-t-il un lien aussi fort entre la pêche et les Malouins ?
Il est possible de voir des bateaux de pêcheurs au loin depuis certaines des chambres de notre hôtel à Saint-Malo intramuros avec vue sur mer. Mais saviez-vous que la pratique de la pêche dans notre région date d’avant le 16ème siècle ?
En effet, à cette époque-là, Saint-Malo se disait capitale des terre-neuvas, des pêcheurs qui quittaient chaque année les côtes européennes pour rejoindre le Canada — et plus précisément la région de Terre-Neuve —, afin d’y pêcher la morue.
Saint-Malo et ses terre-neuvas : l’amour, le vrai
La morue a pendant très longtemps occupé une place majeure dans l’histoire de Saint-Malo, à tel point que plus de la moitié de la ville vivait de la pêche entre le 16ème et le 18ème siècle. À certaines années, c’étaient même des centaines de navires qui quittaient la cité corsaire pour braver les vagues de l’Atlantique en direction de Terre-Neuve ou du Groenland.
Toutefois, tous les terre-neuvas n’étaient pas malouins ou français : certains d’entre eux étaient basques, portugais ou encore anglais. Dans tous les cas, l’idylle se termina à la fin du 20ème siècle, la surpêche entraînant la raréfaction du poisson…
Reste que la pêche à la morue représentait une activité économique essentielle pour les populations du littoral hexagonal. Saint-Malo, tout comme Fécamp et Granville, devint rapidement un port de terre-neuvas. C’est d’ailleurs cette même activité qui conduisit à la colonisation de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, lequel était situé tout proche des bancs.
Tout savoir sur la pêche à la morue à Saint-Malo
À Saint-Malo, on pratiquait typiquement deux sortes de pêche : la pêche à la morue verte (ou pêche errante), et la pêche à la morue sèche (qui était exécutée à l’abri des vents et courants). Dans les deux cas, les conditions des travailleurs étaient particulièrement difficiles.
Dans le cadre de la pêche à la morue verte, des équipages d’une trentaine d’hommes partaient pour des saisons de pêche allant de six à sept mois ! Ils pêchaient d’ailleurs à bord de doris, des petits bateaux à fond plat facilement manœuvrables. Une fois rapporté sur le navire, le poisson attrapé était ouvert, lavé, salé et empilé.
En ce qui concerne la pêche à la morue sèche, elle exigeait une main-d’œuvre encore plus importante (jusqu’à cent hommes par navire). Les bateaux mouillaient dans un havre de Terre-Neuve et des baraquements étaient ensuite construits pour y stocker le poisson. Les pêcheurs vivaient dans des installations très sommaires et devaient faire face à un grand froid.
Vous pouvez tout apprendre sur les terre-neuvas et la pratique de la pêche en haute mer en vous rendant au musée privé des Terre-Neuvas, à Saint-Malo, l’occasion de découvrir des reconstitutions de scènes de vie à bord des terre-neuviers et de discuter avec d’anciens pêcheurs qui partageront avec vous leurs souvenirs et anecdotes les plus folles.